HISTOIRE

L'autogyre est aujourd'hui très mal connu et suscite dans le public  bien des interrogations, voire des inquiétudes ! Il est donc intéressant de revenir sur son histoire.

L'autogyre est né en Espagne en 1923 grâce à Juan de la Cierva. C' est une révolution : pour la première fois, un aéronef est capable de rester en l'air à vitesse zéro, sans décrocher comme le ferait un avion.

Revenons un peu en arrière. Juste après la première guerre mondiale, quelques pilotes réfléchissent à une alternative aux appareils à aile fixe qui montrent, outre leur instabilité, une très forte propension, dans certaine configuration de vol, à chuter et à tuer leur pilote. Leur recherche s'oriente donc vers la conception d'une aile, toujours fixe, interdisant le décrochage.

Juan de la Cierva, un ingénieur Espagnol, avec le même objectif, prend une direction plus novatrice et pense qu'une aile tournante constituera la solution. Sa découverte du battement lui assure le succès  et il traverse la manche en 1928 avec son modèle C4.

Ironie de l'histoire : Juan de la Cierva meurt en 1936 dans un avion de ligne de KLM qui s'écrase après son décollage dans un quartier de Londres. Les avancées technologiques qu'il avait réalisées  ont donné naissance, quelques années plus tard à l'hélicoptère et il est clair que Juan de la Cierva, si il avait survécu, serait parvenu rapidement à produire des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux.

Après la deuxième guerre mondiale, la compagnie Fairey développe le  Rotodyne, un autogyre capable de transporter quarante passagers à la vitesse de 330 km/h, record pour une voilure tournante. Cet appareil, à décollage et atterrissage vertical est promis à un brillant avenir et  a connu un grand succès au salon du Bourget, mais il fut arrêté pour des raisons politiques et parce que le bruit de ses jets de bouts de pales faisaient trop de bruit lors du décollage. Il était destiné aux liaisons inter-cités : peut être est il né trop tôt !

Depuis le Rotodyne, la technologie autogyre est laissé de coté par les opérateurs aéronautiques pour deux raisons essentielles :

-  Technique :  l'autogyre ne possède pas la vitesse de l'avion et n'a pas, sauf dispositif particulier, les capacités de décollage et d'atterrissage vertical de l'hélicoptère.

- Psychologique : l'autorotation du rotor fait peur et on préfère s'appuyer sur des rotors entraînés par des moteurs.

A ces deux raisons, viennent s'ajouter en ce qui concerne l'aviation privée, une troisième qu'invoquent souvent aujourd'hui les pilotes d'autres types d'aéronefs : l'autogyre est dangereux et fragile. Ceci était vrai dans les années 80 lorsque le regain d'intérêt entraîna la construction anarchique de nombreux autogyres par des amateurs qui n'avaient aucune expérience du vol. Sa simplicité de construction et de fonctionnement, qui aurait dû être un avantage, se retourna contre lui.

Pourtant, aujourd'hui, les professionnels s'intéressent de nouveau de très près à l'autogyre : les hawk4 et 5 ont assuré la surveillance des JO 2000 à Salt Lake City et la société Carter Copter développe en ce moment même une nouvelle génération d'autogyre propulsée par des moteurs de 400 hp et croisant jusqu'à 700 km/h à 40 000' avec un moteur de 2000 HP. Cet hybride entre l'avion et l'hélicoptère permet, pour la première fois et pour un coût relativement faible de concilier la vitesse de l'avion avec la capacité de vol stationnaire d'un hélicoptère. La technologie SRC adoptée permet de ralentir en toute sécurité le rotor jusqu'à 100 trs/mn, plus de 50% de la portance étant alors assurée par les ailes et la trainée du rotor considérablement réduite.

La réputation sulfureuse de l'autogyre est aujourd'hui complètement injustifiée et une des meilleures preuves est la possibilité qu'ont les pilotes d'assurer leur machine "Casse en vol" et à des tarifs inférieurs à ceux de l'hélicoptère.

Aujourd’hui, l’autogyre acquière ses lettres de noblesse en devenant, dans de nombreux pays, y compris en France, un outil de surveillance utilisé par des organismes gouvernementaux ou de grandes entreprises.

Alors, bons vols à bord de l' une des machines les plus sûres qui soit !

magie2